Quel changement dès le passage de la frontière.
C’est le retour des plaines herbacées (cela faisait bien longtemps que je n’avais pas vu d’herbe). C’est aussi le retour des arbres (qui sont absents en haute altitude).
Des prairies à perte de vue accueillent yourtes, chevaux, vaches, ânes, moutons, yaks. C’est incroyable l’effet ‘richesse’ que peut créer ce plateau herbacé.
Ne pas oublier de se retourner pour admirer ces immenses chaînes de montagne aux sommets couverts de neige, c’est époustouflant de beauté et de majesté.
Première nuit dans le pays à Sary Tash, le guest-house offre une vue inoubliable sur les montagnes.
Coup de chance : avec mon compagnon de voyage depuis quelques jours (Thierry, un français qui pédale de Valence à Singapour), nous apprenons qu’a lieu le lendemain un festival du yak et du cheval à une soixantaine de km. Nous sommes là juste à temps et il se trouve qu’un couple de Suisses ayant loué une voiture peut nous emmener pour la journée. L’affaire est vite conclue. Le lendemain, nous voilà partis à 5 (la cinquième personne étant un voyageur anglais) pour assister à la troisième édition de ce festival. Tout d’abord 30 km de bonne route (jusqu’à Sary Mogul) puis 30 km sur des pistes (où nous nous perdons un peu car il n’y a pas de panneau indicateur et la piste se divise). Devant nous le pic Lénine, majestueux, qui culmine à plus de 7000 m et bien sûr est couvert de neige. Nous n'arrêtons pas de nous en approcher mais vu sa hauteur, la progression paraît lente.
Enfin nous arrivons sur le site du festival, de bonne heure. Le paysage est à couper le souffle. En plus du pic, nous sommes entourés de collines arrondies et verdoyantes entre lesquelles s'est formé un lac dont la couleur de l’eau fait penser à un lagon tropical.
Le festival commence par des danses, de la musique et des ‘jeux’ entre humains : bras de fer, l’équivalent avec les jambes, tir à la corde... Pour le déjeuner (inclus dans le prix du billet), tout le monde mange en même temps, soit à table, soit au sol. C’est très bien organisé et on a le choix entre 3 plats (il y a même un choix végétarien, ce qui n’est pas une évidence dans ce pays de carnivores). L’après-midi est consacré aux jeux avec les animaux. Parmi les activités : lutte entre 2 hommes assis chacun sur un yak, même chose mais cette fois sur un cheval, un jeu consistant pour un cavalier sur un cheval au galop à attraper une pièce de monnaie nouée dans un mouchoir posé au sol, et un jeu de ‘football’ où les 5 cavaliers de chaque équipe s’emploient à ‘marquer des buts’, le ballon étant remplacé par une chèvre à laquelle ont été enlevés la tête et les sabots !
Ce fût assurément une journée inoubliable, dans un cadre hors pair.
Pour rejoindre Osh, deuxième ville du pays, nous ferons le trajet en deux étapes (une de 114 km et une de 88) en passant par 2 cols successifs (3550 et 3615 m). Dans la ville étape de Gulcha, le seul hôtel (où nous logeons) a un problème : il n’y a pas d’eau. Les WC seront donc des latrines au fond de la cour et la douche une cabine, également au fond de la cour, au-dessus de laquelle est installé un bidon d’eau équipé d'une pomme de douche.
L’arrivée à Osh marque pour moi la fin de ce périple à vélo. Nous nous installons dans un bel hôtel avec piscine, climatisation, copieux buffet de petit-déjeuner. J'ai tellement accumulé de fatigue pendant cette traversée des hautes montagnes que je passe presque tout mon temps dans la chambre à me reposer, pendant 5 jours. C’est en taxi partagé que je rejoins Bishkek, la capitale, où je passerai une durée similaire à continuer de me reposer. C’est de cette ville qu’un avion de la compagnie Pegasus me ramènera à Bâle début août.
2 jours avant mon vol, alors que j’étais assis sur un banc dans un parc, voilà qu’un jeune (un local) m’aborde et discute avec moi. Je suis amené à lui expliquer que je prends l’avion deux jours plus tard, il me dit alors qu’il veut bien m’emmener à l’aéroport. Je lui explique que je partirai vers 2 heures du matin pour un décollage à 5h35. Il me dit que ça ne lui pose pas de problème (alors qu’il travaille la journée), je suis un peu sceptique mais retiens son invitation. Il me demande juste une participation aux frais d’essence (la moitié du prix d’un taxi). Le lendemain, donc la veille du vol, je prends quand même soin de confirmer qu’il viendra bien. La nuit suivante, à l’heure prévue, mon gars est présent devant mon guest-house avec son 4x4 Lexus. Trajet sans souci jusqu’à l’aéroport, il prend même soin de venir avec moi dans l’aéroport pour m’aider à finir l’emballage des sacoches et du vélo (que je fais au dernier moment pour répartir le poids en fonction de ce qui est autorisé pour chaque type de bagage). Mon séjour en Asie centrale se termine donc par une belle expérience.
Pour sûr, ce périple dans les hautes montagnes (et les contrées désertiques surchauffées) restera un point culminant de mes voyages à vélo.
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